Parole d'Obore.

Publié le par Reom

Reom s’allongea dans l’herbe, laissant son esprit vagabonder. La fatigue et la nuit approchant imposaient de s’installer et cette Abbaye en ruine s’avérait être une aubaine. Le toit semblait n’avoir jamais existé  et seul les murs extérieurs siégeaient encore fièrement, mais elle offrirait au moins une protection contre le vent et une défense en cas d‘attaque. 

 

Un léger brouillard était tombé sur l’abbaye et Reom sortit de ses pensées, alerte. Le silence s’imposait à lui, et aucun bruit ne venait. Son esprit était entièrement concentré sur la présence qui l’avait sortit de ses réflexions à une centaine de pas de l’abbaye. Une présence étouffante, hors du commun, une sensation qu’il ne connaissait pas. Il sembla percevoir une silhouette se dessiner dans le brouillard mais la taille de cette dernière et le manque de bruit l’empêchait  d‘y croire. Il était impossible qu’une telle masse se déplace avec un tel silence.  Malheureusement si. Devant lui se tenait une créature, monstre ne convenant pas tant elle avait de ressemblance avec un  homme, de quelques trois mètres de hauteur, Reom estimât qu’elle en faisait au moins deux de large.  Tous ses traits, toutes ses courbes étaient accentués par des os saillants. Des protubérances osseuses ressortaient de ses genoux, coudes, omoplates et en faisaient des armes redoutables. Des os en petites pointes parsemaient le long de ses avant bras, de son dos, de sa poitrine et, devant cette énorme masse musculaire, Reom ne vi aucune faille, aucun endroit sensible comme les centaines dont était composé le corps humain. Il se sentit frissonner, face à ce corps rompu au combat, proche de la perfection, il avait peur à l’idée de devoir l’affronter, il voulait l’affronter. Leurs regards se croisèrent, et Reom y discerna une intelligence troublante. La créature était nue offrant à tous les regards une peau cuivrée, épaisse comme l’écorce. Son visage était inexpressif et pourtant bien trop humain. Ses arcades sourcilières abusivement grandes et sa mâchoire disproportionnée ne suffisaient pas à enlever le caractère humain de ses yeux et de sa bouche.

 

Reom se dressa fièrement, droit, serein. Il voulait combattre, confronter son art, ou plutôt sa folie. La mort était sa compagne de toujours mais aujourd’hui elle le caressait, lui susurrais quelques mots doux.  Reom s’équipa de ses gants, des manchettes faites de cuir et de métal. Son avant bras, le dos de sa main et chacun de ses doigts se voyaient recouverts de Mithril et l’intérieur des gants était molletonné. Le travail délicat des nains ne s’usait pas avec le temps et sous la multitude d’écorchure, on pouvait encore distinguer vaguement quelques runes gravées à même le métal. Reom se mit en garde haute, défensive, légèrement recourbé sur lui-même, les bras devant le torse,  et la tête,  serrée entre eux. 

C’est uniquement le bruit sourd qu’il entendit qui lui ordonna de rouler sur sa droite. Reom n’avait rien vu venir, seulement un son, celui de l’impact violent qu’avait pris la créature pour s’élancer sur lui. Et c’était par instinct seulement qu’il s’était jeté sur la droite. Pas le temps de penser, la créature avec une aisance troublante s’était retournée et chargeait à nouveau. Il chargea aussi, s’arrachant un cri puissant, il frapperait au bas ventre.  La créature projeta son poing de la taille d’une souche, Reom pivota légèrement sur lui-même, juste de quoi éviter le coup meurtrier, il encra fermement son appui au sol, pivota son bassin, remonta son épaule, il entrevoyait juste là l’espace parfait pour assener un coup violent, et c’est avec rage qu’il l’appuya dans le bas ventre de la bête. Celle-ci ne sembla pas broncher mais elle profita de l’impact pour reculer et empoigner Reom par la tête l’éjectant violemment contre les murs de l’abbaye. Ceux-ci cédèrent à l’impact, achevant en grande partie les quelques restes des ruines.  Reom se redressa rapidement, le choc l’avait un peu sonné mais il avait touché cette … chose… alors il pourrait la battre, peut être. Il croisa le regard de la créature et en fut troublé une fois encore, il y sentit un étonnement, mais l’heure n’était pas à la réflexion, il fallait profiter de cette indécision. Reom repartit à la charge, le bas ventre, il devait viser le bas ventre.

La créature ne bougeât pas, elle l’attendait, froide, calculatrice, elle se mit en garde à son tour. Reom ne voyait aucune brèche, aucun endroit où frapper, s’arrêter et s’observer mutuellement aurait été intelligent, mais il voulait confronter ses poings à cette perfection qui s’offrait à lui. S’il n’y avait pas d’ouverture, il en créerait une ! Il arma son poing et son épaule d’une inclinaison qui annonçait un coup du bas vers le haut, il visait le menton, tentant de forcer le passage entre les deux bras massifs de la créature.  Celle-ci semblât deviner d’instinct son intention, elle bascula légèrement son torse en arrière et dans un même mouvement projeta violement son genou sur le torse à découvert du jeune homme.  D’une pulsion rapide et sèche du pied, Reom profita de l’occasion pour pénétré dans la garde de la créature, il sentit l’os saillant du genou le frôler, la peau cuivré de la bête lui arracher la sienne. Il arma son poing à nouveau, il était là, ce bas ventre, il pivota son bassin,  pris appui de tout son poids sur son pied avant et avec violence porta son coup. Mais la bête amorti le choc en s’approchant plus encore, Toute la puissance du coup se dissipa alors. Reom senti la créature descendre ses poings joint vers lui pour l’assommer, l’écraser d’un seul coup.  Il s’étala au sol avant de rouler sur lui-même pour éviter le coup mais la créature avait saisi son unique échappatoire et le cueilli au sol par un coup de pied d’une violence que Reom n’avait jamais vu avant. Il sentit quelques  cinq côtes céder, se réduire en miette. Il s’écrasa une trentaine de mètre plus loin se brisant  le bras gauche et la clavicule. Ce n’était pas le moment de se reposer. Reom se redressa rapidement, cracha du sang, signe d’une hémorragie interne. Il se mit en garde, un bras pendant. Il savait que son heure allait venir, mais pas tout de suite, pas maintenant, avant il entamerait la peau de fer de cette créature. Reom coupa les liaisons nerveuses qui lui communiquaient la douleur. Son corps était en miette en partie il le savait, pas la peine de s’encombrer avec la douleur.  La créature ne semblait pas vouloir attaquer, et ça lui allait, il reprenait tant bien que mal son souffle saccadé. Il cru voir une grimace, peut être bien un sourire en coin sur le visage de la bête.  Il sourit aussi. Il ne pouvait pas se permettre de perdre de l’énergie dans une nouvelle charge alors il ouvrit  sa garde totalement, incitant la créature à venir l’achever. Celle-ci s’exécuta. Encore le bruit sourd de sa charge, le balancement violent de ses membres puissants. Reom attendait, apaisé, le moment précis pour porter son coup. Il se courba légèrement, fléchis un peu les genoux et mis son bras invalide en avant. Il servirait de poids mort. La créature se prit les mains et chargea d’un coup d’épaule vers le torse du jeune homme. Reom sauta en l air sacrifiant volontairement sa jambe gauche à l’impact. Il se retrouva au dessus de la créature, le poing armé, tout son corps armé, visant le crane découvert de la bête, il assena un coup sec et précis. Il pouvait l’avoir, c’était tout son savoir, toute sa vie qu’il mettait dans ce coup. L’impact fut rapide et Reom se laissa choir au sol, regardant la créature continuer sur l’élan de sa charge et rouler au sol dans un fracas énorme. Celle ci se releva sans mal de tout son haut, peut être juste un peu sonnée.

 

La bête regarda ce petit homme par terre, la moitié du corps brisé et le sourire aux lèvres. Elle sentit du sang lui rentrer dans la bouche, la blessure n’était pas sérieuse mais elle garderait une foutue balafre.  Le coup l’aurait certainement mise très mal en point si elle n’avait pas eu la présence d’esprit d’incliner légèrement son cou pour faire glisser le poing de son adversaire.  Elle cracha un peu de sang aussi, les deux coups encaissés  au ventre n’avaient pas été une partie de plaisir. Elle regardait toujours, prise dans ses pensées, ce petit être qui attendait. Il ne demandait même pas à être achevé, il attendait  juste et souriait. Il savait que la mort était la chaque jour à chaque instant et pas seulement maintenant. Ce petit être qui avait entamé sa peau cuivrée.  Mais elle avait d’autres choses plus importantes que de jouer avec la vie d’un homme. Elle ne faisait que passer, se dissimulant dans son brouillard pour échapper aux regards, personne n’aurait du la voir. Et elle a vu cette homme, ce jeune homme, se dresser devant elle, fier et sur de lui. Non pas sûr de sa victoire, mais sur de son choix. Et il s’était imposé au milieu de son chemin, peu lui importait de savoir si elle était amicale ou non, son désir de combat bouillait. Alors elle avait accepté, pensant lui offrir une mort dans la gloire comme beaucoup de guerriers recherchent, refusant de mourir vieux. Elle ne comprenait pas ce comportement et cette envie stupide de mourir, mais elle avait accepté de le lui offrir. Elle comprenait maintenant que ce n’avait pas été le cas. Cet homme étendu au sol voulait simplement se battre, se confronter à elle en connaissance de cause, mais il n’y avait pas été la mort dans l’âme.  Elle l’entendit tousser et cracher du sang. Et ce petit être lui avait finalement offert un combat prenant ou elle avait elle-même mit sa vie en jeu. Un pari grisant qu’elle n’avait pas fait depuis longtemps.  Elle admirait cet être, cet humain et sa puissance. Elle essuya le sang qui affluait sur son visage,  s’approcha de lui, le regarda avec compassion et leva son poing, il fallait l’achever pour abréger sa douleur.  Le jeune homme la regarda dans les yeux comme pour essayer de savoir ce qui se cachait dans ses pensées.  Le poing se leva, triste guillotine, prêt à s’abattre. La créature resta quelques secondes comme ça puis tourna légèrement la tête, des bruits de sabot annonçait l’arrivé de troupe de Vargas, il fallait bouger et vite.  Ils décideraient eux même du sort de l’humain. La bête se redressa et s’éloigna en silence avant de se retourner pour jeter un dernier regard sur le corps partiellement disloqué. Elle ouvrit la bouche, sembla hésiter

                -Si tu survis humain, alors nous nous reverrons. Paroles d’Obore. dit-elle finalement.

Elle s’éloigna d’un pas vif mais silencieux.

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K
<br /> <br /> j'ai ressenti beucoup de chose en le lisant. tout se visualise vraiment bien.<br /> <br /> <br /> j'aime beaucoup<br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Yep, comme tu le sais, je t'envie vraiment ta façon de créer et de faire vivre un combat, qui marche vraiment bien. Et puis encoire une fois, cette créature, elle est directement visualisable et<br /> interessante, c'est une grosse réussite.<br /> <br /> <br /> Après certes, de mauvaises virgules et quelques répétitions, m'enfin.<br /> <br /> <br /> <br />
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