Nue

Publié le par Reom

 

 

Depuis mon plus jeune âge, je vis avec la mort toujours présente à l'esprit. Ma mort. Si je ne pensais pas à la mort, ma vie ne serait qu'un tohue-bohue personnel. Concrètement, que peut avoir un homme en dehors de sa vie et de sa mort?

 

Lorsque l'on s'engage sur le chemin de la connaissance (là je ne parle pas des sciences, ou religions ou histoire) je parle de la connaissance de ce monde, de sa compréhension, au delà de la pensée et de la logique. La connaissance est effrayante, et lorsque qu'on l'approche on se rend compte que la mort est assise à coté de nous, qu'elle devient une compagne irremplaçable. La mort donne la touche finale à chaque bribe de connaissance obtenu. La personne qui s'avance sur le chemin de la sagesse doit à tout moment faire face à une imminente annihilation et inévitablement elle acquiert une conscience aiguë de la mort. Sans cette conscience de la mort, je ne serais qu'un homme ordinaire impliqué dans des actes ordinaires. Je n'aurais pas la volonté et la concentration pour transformer mon temps ordinaire sur Terre en connaissance.

 

Pour avancer sur ce chemin, je dois avoir en tout premier lieu et de manière vraiment authentique, une conscience aigue de ma propre mort. Mais se soucier en permanence de la mort contraindrait tout homme à se concentrer sur soi, et se serait débilitant. Donc la seconde chose dont j'ai eu besoin c'est le détachement. L'idée de la mort imminente, au lieu de tourner à l'obsession, devient indifférence.

 

Il faut savoir (et surtout pouvoir, car c'est devenu très dur) se détacher de tout. Mais notre pensée nous en empêche généralement. On voit des choses importantes partout. Pire encore, on ne peut plus s'empêcher de ne penser qu’à nous en tant qu'individu. Se détacher de tout ça ne veux pas dire devenir un ermite. Etre un ermite c'est aussi une indulgence envers soi, un ermite n'est pas détaché, car il s'abandonne volontairement pour devenir ermite. Seule l'idée de la mort détache suffisamment l'homme au point de le rendre incapable de s'abandonner à quoi que ce soit. Seule l'idée de la mort détache suffisamment l'homme au point qu'il ne peut plus considérer qu'il se prive de quelque chose. De cette façon je ne désire, malgré tout, absolument rien, parce que j'ai acquis un appétit silencieux pour la vie et toutes les choses de la vie. Je sais que ma mort me traque, qu'elle ne me laissera pas le temps de me cramponner à quoi que ce soit; donc sans en ressentir un désir obsédant, j'essais la totalité de toute choses.

Je suis détaché parce que je sais en permanence que je n'ai pas la possibilité d'éviter ma mort, et je n'ai qu'une seule chose sur laquelle m'appuyer : le pouvoir de mes décisions. Je suis le maitre de mes décisions. J'ai compris que mes choix ne dépendaient que de moi seul, et une fois fait, il n'y a plus le temps pour des regrets ou des lamentations. Ma mort ne me laisse pas le temps de tortiller et de revenir en arrière. Alors conscient de cette dernière, et avec le pouvoir de mes décisions, je fixe ma vie stratégiquement. La connaissance de ma mort me guide, me rend détaché et silencieusement robuste. Le pouvoir de mes décisions me rend capable de choisir sans regrets. C'est comme ça que j'accomplis tout ce que je dois faire avec plaisir et avec une compétence sûr. Et alors, j'ai acquis ce que j'appelle la patience.

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R
<br /> <br /> ben pour le livre "voir" apres avoir rangé ma bibliotheque, définitivement , je ne l'ai pas xD. Par contre je suis preneur pour "la force du silence" pour que tu me le passes et que je le lise<br /> :p. Ensuite on pourra parler encore mieu (argument de force ^^) puisque je saurais ce à quoi tu fais référence ;)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Le texte que tu as écris me touche beaucoup et me rappelle vaguement la voie du guerrier ( voir Castaneda). J'ai plein de chose a te dire et a discuter a propos de ça justement...Je viens de lire<br /> le livre suivant de celui que tu as, tu sais chez toi..."Voir" je crois. Le deuxième s'appelle "La force du silence" et est bouleversant, plus fort je trouve que le premier. Il parle exactement<br /> de ce que tu as écrit dans ton texte. J'espère te voir bientot...<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Bon, ça me fait toujours bizarre de voir se genre de pensées à l'écrit... Pour moi ce genre de pensées sont tellement "abstraites" ou intérieures, je sais pas trop, que ça fait étrange de les<br /> voir exprimées à l'écrit... Enfin bref, y'a quelque chose que tu n'a pas abordé (ou alors mon cerveau à fait abstraction), c'est des gens qui n'ont pas conscience de la mort, comme par exmple les<br /> enfants. Dis à un gosse de 4 ans qu'il peut mourir, il a du mal à en saisir la portée. Il comprend l'idée, mais ça ne lui fera pas peur car il n'a pas conscience de ce que c'est que d'être<br /> réellement mort (plus de pensée, pas de retour en arrière...etc), alors qu'il a conscience de ce que peut être la douleur cela dit. Ou bien encore, d'une personne qui nierait la mort. Genre<br /> "jm'en tape, ça me fait ni chaud, ni froid"....?<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Réflexion personnelle à laquelle j'adhère totalement.<br /> <br /> <br /> <br />
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